Le
revolver sur la tempe, Athènes a capitulé devant les exigences de
ses «partenaires» européens en juillet 2015. Les décisions
budgétaires et fiscales du pays sont désormais soumises à leur
accord préalable. Et le programme de privatisations imposé à la
Grèce orchestre le plus important transfert de propriétés jamais
opéré dans un pays de l’Union européenne.
Niels
Kadritzke
Une
étude du Transnational Institute (TNI) sur l’industrie de la
privatisation en Europe. publiée en février 2016, parvient à la
conclusion qu’il « n’existe aucune preuve démontrant que les
entreprises privatisées fournissent un service plus efficace ». En
revanche, la vague de privatisations a fait chuter les salaires,
dégradé les conditions de travail et accru les inégalités de
revenus.
À
cet égard, la Grèce constitue un cas d’école. À cause de la
crise provoquée par son endettement, le pays s’est vu contraint
par ses créanciers de vendre au plus offrant le plus grand nombre
possible de ses entreprises publiques ou para-publiques, dans le seul
objectif d’honorer ses remboursements. Cette mise à l’encan des
biens de la collectivité est l’un des aspects les plus absurdes
des « plans de sauvetage » imposés depuis 2010 par la « troïka
», qui ont précipité l’économie grecque dans une interminable
récession. Exiger d’un État en crise qu’il privatise ses
sociétés l’amène nécessairement à les brader, observent les
auteurs de l’étude. La privatisation réunit tous les critères
d’un abus de confiance.
Ce
constat s’impose indépendamment de l’idée que l’on se fait
des avantages ou des inconvénients d’un secteur public. En Grèce,
ce dernier souffrait de dysfonctionnements incontestables, dont les
adeptes de la privatisation n’ont pas manqué de tirer argument.
Certaines entreprises d’État ne délivraient aucun bien ou service
indispensable à la population (tel que l’électricité ou les
transports en commun), mais avaient pour vocation essentielle de
pourvoir les partisans de tel ou tel gouvernement en emplois bien
rémunérés, protégés et peu fatigants — aux frais du client et
du contribuable. Cela explique pourquoi leur mise sur le marché n’a
pas suscité que du mécontentement.
Pour
évaluer, d’un point de vue libéral, le bien-fondé d’une
privatisation, les dirigeants doivent répondre à trois questions.
Le prix est-il proportionnel aux revenus dont l’État se prive en
vendant son bien ?
Continuation:
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